Inflation galopante, prix de l’essence à la hausse, pénurie de main-d’œuvre, financement ponctuel des gouvernements… Face aux nombreux défis qui se présentent à eux, les membres du Regroupement des évènements majeurs internationaux du Québec (REMI) se disent prêts à affronter la situation, quitte à faire des choix difficiles.

« Il va falloir qu’on se retrousse les manches, nous a confié le président-directeur général du REMI, Martin Roy, en marge de l’assemblée générale annuelle de l’organisme. Il va falloir qu’on fasse tout ce qu’on peut pour livrer les meilleurs festivals possibles, travailler sur tous les fronts et explorer de nouvelles avenues pour mettre en place de nouvelles approches. »

La saison des festivals, qui débute le week-end de la Journée nationale des patriotes, le 21 mai prochain, avec le Piknic Électronik, s’annonce plus complexe que ne l’auraient souhaité les membres du REMI.

Les dirigeants des 28 festivals membres du regroupement, parmi lesquels on retrouve les Francos, le Festival international de jazz de Montréal, Montréal complètement cirque, le Festival d’été de Québec, Juste pour rire ou Osheaga, avaient déjà évalué que l’édition de l’été dernier avait coûté 25 % de plus que celle de 2019.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le président-directeur général du REMI, Martin Roy

Pour cet été, les projections ne sont guère plus réjouissantes. La pression inflationniste « très forte », combinée à la pénurie de main-d’œuvre, risque de forcer les directions de festival à faire des choix douloureux, croit Martin Roy.

« On ne souhaite pas qu’il y ait d’impact sur les programmations des festivals, mais il est possible qu’il y ait une réduction des heures d’ouverture et du nombre de scènes, et donc d’artistes invités. Malheureusement, ce sont les évènements présentés gratuitement qui sont menacés, parce qu’ils dépendent des commandites et de la vente de produits dérivés… »

En même temps, pour occuper le domaine public à Montréal, la contrepartie, c’est qu’il faut que les spectacles soient gratuits.

Martin Roy, président-directeur général du Regroupement des évènements majeurs internationaux du Québec

À cela s’ajoute le stress des subventions gouvernementales qui ne sont – la plupart du temps – pas récurrentes et qui n’augmentent pas aussi vite que l’inflation. Il y a bien eu l’annonce d’Ottawa (lors du dernier budget) d’un investissement de 108 millions (sur trois ans) pour aider les festivals – à l’échelle du Canada –, mais les deux autres programmes de Patrimoine canadien demeurent fragiles…

Sous-financement

« Le Fonds du Canada pour la présentation des arts et le Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine sont deux programmes qui sont sous-financés depuis très longtemps, estime Martin Roy. Les bases de ces programmes ont été mises en place par le gouvernement Harper en 2008 et n’ont pas beaucoup bougé depuis. En 2019, il y a eu un petit ajustement, mais il est ponctuel, et il faut le renouveler d’année en année… »

Le programme Développement des communautés a été renouvelé jusqu’en 2025-2026 dans le dernier budget (14 millions sur deux ans), mais pas le Fonds du Canada. « On craint que l’année prochaine il y ait une diminution importante de ce programme-là, qui est un des principaux programmes de Patrimoine canadien », nous dit Martin Roy.

Bref, pour sortir la tête de l’eau et faire face à ces défis, le REMI préconise un partenariat entre ses membres. Martin Roy parle d’une « mutualisation des ressources humaines » et d’un « partage des équipements », notamment autour de la place des Festivals. « On le fait déjà à petite échelle, mais je pense qu’on peut en faire plus. »

Il évoque aussi la possibilité pour les membres du REMI de « tarifer certains services ou activités ». « On pourrait aménager des gradins ou des espaces dédiés où les places assises seraient payantes à certains endroits, propose-t-il. Il faut explorer toutes les avenues possibles. »

Martin Roy continue de penser que l’apport des membres du REMI à l’économie n’est pas à dédaigner. Avant la pandémie, il note que le chiffre d’affaires des 28 membres du regroupement était de 275 millions, et que les retombées de seulement 17 de ces évènements avaient été évaluées à plus de 290 millions en valeur ajoutée pour l’économie du Québec.